MARJORIE WAKS
Céramique architecturale
Marjorie Waks développe une œuvre éminemment graphique. Des lampes à poser, des appliques, des vases, des coupelles ou encore des cadres de miroirs sculpturaux. Des pièces toutes à la fois rigoureuses et poétiques, qui découlent de formes primaires - cylindres, cercles, dômes - que l’artiste grave de rayures hypnotiques, rythme de jours géométriques, orne de parements méticuleusement calibrés.
Ses créations architectoniques sont immanquablement rythmées de compositions en parallélogrammes, pastilles et billes de terre.
« Je suis d’un naturel très organisé, quelqu’un qui ressent le besoin de s’imposer des cadres pour avancer, avoue l’artiste. Mes répétitions de motifs, mes ordonnances participent d’une forme de réassurance. D’une volonté de définir un univers sur lequel j’exerce un certain contrôle, même si, aussi structurées soient mes œuvres, je suis dans un total lâcher prise lorsque je façonne mes œuvres. Elles m’imposent leurs logiques propres. »
Résolument graphiques, définitivement abstraites, les céramiques de Marjorie Waks convoquent pourtant multitude d’imaginaires. Ses vases crantés peuvent évoquer des tours moyenâgeuses, ses dômes en escaliers renvoient aux pyramides mayas, quand des soucoupes semblent échappées de films de science-fiction. Certaines de ses productions éludent tout fonctionnalisme, comme ses roues hypnotiques, purement décoratives.
« Plus j’avance, moins je me sens tenue par des cadres, obligé à des résultats probants, je me libère des carcans du connu. »
Si elle ne revendique aucune filiation artistique, passionnée par l’histoire de son art, la céramique, Marjorie Waks voue une admiration sans faille à l'œuvre solaire et rayonnante de Georges Pelletier (1938-2024).
Les créations d’artistes contemporaines, comme celles de Juliette Vivien, spécialiste des émaux à cristallisation, la touchent de par leur délicatesse. Marjorie Waks privilégie elle le grès, son matériau de prédilection, dont elle laisse s’exprimer la texture, en optant pour des glacis translucides.
Mais, guidée par son goût de l'expérimentation, désireuse de défricher de nouveaux territoires, elle se plaît également à ponctuer ses rigoureuses ordonnances de délicates touches de vert d’eau, d’émeraude ou de vert acide.
MARJORIE WAKS
Autodidacte au parcours tout tracé
Parisienne de naissance, Marjorie Waks se destine jeune fille à une carrière de d’architecte d’intérieur.
Elle se forme à Lisaa, exerce un temps, livrant des intérieurs minutieusement architecturés, mais non sans charme, pour les besoins d'une clientèle particulière.
Il y a quelques années, la jeune femme sent poindre en elle un imparable besoin de s’exprimer plus librement, plus pleinement. La trentaine tout juste entamée, elle inaugure un nouveau chapitre de sa vie, guidée par un nouveau média, la céramique.
« J’ai commencé par tourner un bol en argile auto durcissant sur un tour, alors que ce n’est pas du tout le matériel indiqué pour ce type de modelage, j’étais parfaitement autodidacte à mes débuts, mais il fallait que je me lance ! » assure Marjorie Waks.
Elle prend alors des cours, affine sa pratique, et embrasse depuis la carrière d’artiste céramiste.
Installée dans un immeuble en rez-de-jardin de la proche banlieue parisienne, la jeune femme partage son temps entre un atelier de moulage située dans son jardin, son four contigu à son appartement et son intérieur. C’est pour beaucoup sur l'îlot central de sa cuisine ouverte qu’elle peaufine ses créations, profitant par là même de la présence de ses filles Romy, Zoé et Léna, toutes trois en bas âge.
« Enfant, ma mère, qui était artiste, avait installé son atelier dans le salon et pris pour habitude de dessiner à côté de nous sur la table de la salle à manger, inconsciemment j’en fais aujourd’hui de même. »
Marjorie Waks élabore aussi bien des tabourets, des totems lumineux ou encore d’immenses miroirs. Mais, qu’importe la taille, la complexité de décors, son processus créatif demeure toujours le même.
« Je commence parfois par un croquis, mais, le plus souvent, c’est sur AutoCAD, à travers des synthétisations 3D, que mes pièces prennent forme. L’usage de ces techniques découle de ma formation en design. Cela me permet de définir l'architecture globale de mes productions. Rien n’est pourtant jamais définitif, c’est quand je travaille la terre que mes pièces prennent réellement forme.»
De ses mains, à l'aide d’estèque, raclettes et extrudeuses, elle réalise les enluminures de bandes terres, stries et jours, qui participent de son vocabulaire formel personnel. Marjorie Waks c’est inventé un univers fort et délicat à la fois.
About
English version
MARJORIE WAKS, ARCHITECTURAL CERAMICS
Marjorie Waks’ work is eminently graphic. Table lamps, wall lights, vases, bowls and sculptural mirror frames. Pieces that reveal both discipline and poetry, derived from primary forms – cylinders, circles, domes – which the artist engraves with mesmerising lines, punctuates with geometric incisions, decorates with meticulously dimensioned ornamentation. Her architectural creations are cadenced by compositions of rectangles, lozenges and beads in clay.
“I am by nature very organised, someone who feels the need to establish a framework to get things done,” admits the artist. “My repetition of patterns and orders contribute to a kind of reassurance. A desire to define a world over which I have some control, even though, however structured my work, I completely let go when I’m making the pieces. They impose their own logic on me.”
Despite being resolutely graphic and abstract, Marjorie Waks’ ceramics conjure up a variety of imaginary worlds. Her notched vases are reminiscent of medieval turrets, her staircase domes like Mayan pyramids, and saucers that seem to have flown straight out of a sci-fi movie. Some of her pieces elude function and are purely decorative, such as her hypnotic wheels. “The more I go on, the less I feel bound by parameters and the obligation to achieve conclusive results, I am freeing myself from the shackles of what I already know.”
Although she doesn’t claim any particular artistic lineage, Marjorie Waks is passionate about the history of ceramics, and admits to an unwavering admiration for the luminous work of Georges Pelletier (1938–2024). She also appreciates the delicacy of contemporary work such as that of Juliette Vivien, who specializes in crystalline glazes. Waks herself favours stoneware, her material of predilection, drawing out its texture by means of clear glazes. However, led by her taste for experimentation and desire to explore new ground, she also likes to punctuate her meticulous orders with little touches of colour – sea green, emerald or acid green.
MARJORIE WAKS, SELF-TAUGHT WITH A CLEAR DIRECTION
Born in Paris, Marjorie Waks set her sights on a career in interior design from a young age. She trained at L’Institut des Arts Appliqués (LISAA), and worked for a while producing attractive, meticulously detailed interiors for private clients. Then a few years ago she began to be aware of a growing need to express herself more freely, more fully, and in her early thirties she started on a new chapter in her life, guided by a new medium – ceramics. “I began by throwing a bowl in self-hardening clay on a wheel – not at all the right material for that kind of work; I was completely self-taught at the start, but I needed to throw myself in!” So, she took lessons, honed her skills, and has embraced a career as ceramic artist.
Marjorie Waks also makes stools, lamps and huge mirrors. But whatever the size or complexity of decoration, her creative process is always the same. “I sometimes begin by making a sketch, but more often its in AutoCAD, using 3D modelling, that my pieces take shape. It enables me to define the overall architecture of my productions. Nothing is definitive, it’s only when I actually manipulate the clay that my pieces really take shape.”
Using a potter’s rib, sculpting wire and clay extruder, she forms the illuminations of bands of clay, striations and incisions that make up her vocabulary of form. Marjorie Waks has created a world that is as powerful as it is delicate.